AccueilLa bibliothèqueNouvelle acquisition de la BLJD à la vente des collections Aristophil : le manuscrit autographe de Paul Eluard d’une conférence inédite sur la Poésie, circa 1948

Nouvelle acquisition de la BLJD à la vente des collections Aristophil : le manuscrit autographe de Paul Eluard d’une conférence inédite sur la Poésie, circa 1948

Page publiée le 9 juillet 2018

Paul Eluard ; manuscrit autographe d’une conférence inédite sur la Poésie, circa 1948


En voici le descriptif lors de la vente Aguttes le 19 juin :

Manuscrit autographe d’une conférence inédite sur la Poésie, circa 1948 ;
16 pages in-4.
Manuscrit d’une conférence inédite sur la Poésie au verso de bordereaux de l’Intendance militaire avec ratures et corrections.

Éluard demande à ses auditeurs un effort de volonté pour établir une condition humaine juste sans égard pour la terreur de la bombe atomique ni pour la puissance du dollar. [...]

« Je ne suis poète que parce que je suis solidaire des opprimés, tributaire des hommes qui peinent et qui espèrent malgré tout, de ces hommes qui ont tout éprouvé et qui, maintenant, n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Je suis dans la grande tradition du chant qui passe de la tristesse à l’espoir »...

Et de citer en exemple Chrétien de Troyes, François Villon, Agrippa d’Aubigné... Le poète montre la vérité avec « une audace tranquille, bouleversante. Montrez-moi un vrai poète qui ait menti. Une seule fois ! [...] Leur vérité est comme la vérité philosophique »...

Il invoque son devoir de s’exprimer, rend hommage à ses professeurs de « l’école de la lucidité », et déclare :
« Je n’ai rien de commun avec les poètes sacrés poètes, qui n’ont en vue que l’objet d’art, que le poème à faire reluire un monde idiot. Ma vie n’a pas de sens si elle s’extasie, en balbutiant, devant l’éclat du luxe, intellectuel ou matériel. [...] Je suis la voix qui se risque sans douter, je sais qu’il y a des oreilles pour m’entendre »...

Par son expression de la condition humaine, il se situe dans la tradition poétique de Marceline Desbordes-Valmore, Hugo, Baudelaire, Rimbaud... L’aurore est près, le monde remonte, les yeux sont ouverts et les peuples s’éclairent :
« Nous défendons la vie, qui s’oppose à la guerre, et notre guerre c’est la guerre de la vie »...
Il cite Jacques Vogt, devant la guillotine, l’un des quatre fusillés du lycée Buffon, et quelques principes du parti auquel il appartient : « Mon parti m’assure qu’un homme digne du nom d’homme est porté en avant par l’amour de la vie [...]. Nous savons qu’en U.R.S.S. il y a la possibilité d’un printemps nouveau, total, pour les poètes. C’est celui de la solitude rompue, celui de la collectivité, de la solidarité humaines. Pendant qu’ici, les poètes sont encore enfoncés dans la pleine détresse de l’expression individuelle »...

Stéphane Mallarmé, Eventail de Madame Mallarmé

(photo J.-L Charmet)

© 2005-2011 Doucet Littérature
Site réalisé avec SPIP, hébergé par l’AUF